Approches et outils pour la cartographie des corridors écologiques

Approches et outils pour la cartographie des corridors écologiques

Approches et outils pour la cartographie des corridors écologiques

La fragmentation des milieux naturels est l’un des principaux facteurs de recul de la biodiversité. Les infrastructures humaines sont des barrières artificielles qui coupent les habitats, isolent les espèces et empêchent leur déplacement. C’est là que les corridors écologiques entrent en jeu, car ils relient les zones naturelles éparpillées entre elles. Se pose alors la question de comment les identifier, les cartographier et les intégrer pleinement dans l’aménagement du territoire.

Qu’est-ce qu’un corridor écologique ?

Un corridor écologique est un espace de déplacement fonctionnel pour une ou plusieurs espèces. Il peut s’agir d’un cheminement linéaire (haie, cours d’eau, lisière forestière), d’une mosaïque de milieux semi-naturels (prairies, boisements, friches) ou d’un passage ponctuel (écoduc, passage à faune). Il fait partie d’une trame verte et bleue, visant à reconnecter les espaces naturels dans une logique de continuité écologique

Pourquoi les cartographier les corridors écologiques ?

L'identification et la cartographie des corridors écologiques visent à remplir plusieurs objectifs. Cela sert à identifier les zones stratégiques à préserver ou restaurer. Cela sert également à orienter les projets d’aménagement (éviter les coupures), de cibler les efforts de compensation écologique et à mieux comprendre les besoins de déplacement des espèces. En somme, une cartographie rigoureuse permet de passer du concept à l’action concrète.

Méthodes de cartographie des corridors

Il existe trois grandes approches pour cartographier les corridors écologiques. Une approche par habitat, une par les espèces et une par la modélisation. L'approche par habitats consiste à identifier les noyaux de biodiversité, à chercher ensuite les zones tampons ou interstitielles qui les relient. Cette méthode s'appuie souvent sur des cartes d'occupation du sol. Une approche plus fonctionnelle est par les espèces. Une ou plusieurs espèces cible à mobilité moyenne ou faible sont choisies. Leurs besoins écologiques (habitats, préférences...) sont modélisés et les algorithmes de connectivité sont appliqués par la suite. L'approche par modélisation se fait grâce aux SIG et d'autres outils dédiés (Linkage Mapper, Graphab...) qui permettront de cartographier et de hiérarchiser les corridors. Pour hiérarchiser ces habitats, deux simulations sont utilisées, le circuitscape (simulant le flux de dispersion) et le cost-distance (calcul du chemin le plus favorable grâce à des indices de "résistance").

Un exemple concret corridor pour une espèce endémique

À La Réunion, pour une espèce comme le Gecko vert de Manapany, les déplacements sont limités à certains types d’habitat dans la région de Manapany. Une analyse fonctionnelle permet d’identifier les zones refuges actuels, les passages encore praticables et les obstacles critiques (routes et zones habitées). La cartographie finale peut orienter des actions de reconnexion écologique: replantation d'espèces végétales indigènes, reconnexion entre les différentes populations, rencontre avec les habitants...

Données nécessaires

Il est important avant de modéliser un corridor écologique, de prendre en compte différents paramètres. Il faut connaître l'occupation des sols, les espèces en présence, les milieux anthropiques, la topographie et les données climatiques. 

Les limites et précautions

Certaines précautions sont néanmoins à prendre dans la modélisation de corridors écologiques. Un corridor écologique identifié sur une carte peut ne pas être utilisé par les espèces ciblées. Pour bien déterminer un corridor écologique, il faut croiser modélisation et observations de terrain. Il faut également prendre en compte l'échelle spatiale, en effet, un corridor pour papillon ne sera pas le même que pour une tortue.

Conclusion

La cartographie des corridors écologiques est une étape clé pour une gestion territoriale respectueuse de la biodiversité et des écosystèmes. Elle permet de reconnecter ce que l’urbanisation a divisé et d’assurer la survie des espèces face aux changements globaux. En alliant expertise de terrain et modélisation SIG, les naturalistes ont un rôle important dans la protection de l'environnement.